Mais…  un psychologue, à quoi ça sert ? Certains croient en la psychologie, d’autres doutent de son efficacité.

Je ne fais pas de la psychologie ! Certes, j’ai appris les théories de mes prédécesseurs, et tenté de les intégrer. Je rappelle qu’ils ont établi leurs théories à partir de leurs hypothèses construites et vérifiées au cours de leurs pratiques. Cependant, il est nécessaire de m’en défaire si je veux bien écouter mon patient pour entendre sa théorie tirée de ses croyances.

Je ne suis ni expert dites-moi si je suis normal, ni conseiller je choisis de rester ou de partir ?, ni confesseur j’ai besoin de me confier, ni juge  j’ai raison ou j’ai tort ?, ni moraliste  je ne sais pas ce qui est bien,  et pas du tout voyante  je suis amoureuse, je ne sais pas si je le serai encore dans dix ans… Je n’ai aucune réponse toute faite pour dire des choses difficiles à définir, je n’ai  pas de prêt-à-penser, pas de protocole, pas de savoir-faire. Se dire, se penser, cela appartient à chacun. Une thérapie, c’est du « sur-mesure ».

Il ne s’agit pas de distribuer un savoir, de donner des conseils, des solutions, des « recettes ». Il s’agit de créer et de construire une relation humaine et de considérer mon patient comme sujet de son désir. A l’instar de mes maîtres, j’écoute de façon active mon patient pour élaborer avec lui comment « savoir-être ».  Ensemble, nous devons chaque fois nous entraîner et inventer notre propre modèle. Ce n’est pas très confortable, mais … rassurant quant au respect  de notre singularité.

LA bonne raison d’aller consulter est LA motivation de penser sa vie, se penser, voire panser sa vie, d’aller à la rencontre de soi-même et des autres en soi,  d’entrer dans le monde de l’intersubjectivité et de l’altérité, de chercher et de trouver ce qui est bon pour soi, et de vivre mieux avec les autres.

MA bonne raison de thérapeute est d’accompagner mon patient sur ce chemin de l’intériorisation, de mettre en forme son ressenti pour agir au plus près de « sa vérité », pour assumer la responsabilité de ses actes et l’aider à grandir dans son humanité. Ce n’est pas si facile, mais… intéressant, voire passionnant, non pas par narcissisme, mais pour découvrir notre propre humanité et celle des autres.

« Tu guéris les gens ? »

« Non je ne guéris personne. On ne guérit pas de la vie »

« Combien de temps dure une thérapie ? »

« Un jour, trois mois, un an, plusieurs années. C’est mon patient qui choisit, selon son désir, son ambition de vie »

« Comment sais-tu qu’une thérapie est réussie ? »

« On a su créer un lien. On a eu une bonne relation, une belle rencontre. On a su se dire bonjour et se dire au-revoir »
Comme dans une vie bonne ….

– Cecile Planche, mai 2022